La dégradation de la note souveraine de la Tunisie par les agences de notation font couler beaucoup d’encre dans la presse tunisienne et les informations relatives à ces notations sont diffusées dans la plupart des médias écrits, audio et visuels, car le classement de la Tunisie comme pays à haut risque crée un climat de crainte qu’elle soit proche de se faire classer comme pays incapable de payer ses dettes, bien que ceci est attendu, selon une note publiée récemment par l’observatoire Tunisien de l’Economie.
On rappelle, à cet effet, que la note que les agences de notation publient périodiquement est une référence pour le marché financier mondial et les investisseurs lors de leur décision de financer ou non un pays. Cependant, avec l’influence grandissante de ces notations, de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer une révision du rôle des agences de notation et de leur crédibilité.
Avis d’experts
Le lundi 21 mars 2021, le Bureau des affaires sociales et économiques des Nations Unies, DESA, a organisé une réunion de haut niveau qui comprenait un groupe d’experts et de représentants d’agences de notation et d’institutions internationales d’investissement, en plus du ministre des Finances du gouvernement du Ghana et du ministre des Finances du gouvernement de Trinité-et-Tobago pour discuter du rôle joué par les agences souveraines de notation dans la mise en œuvre du plan développement durable 2030.
Le Bureau des affaires sociales et économiques des Nations Unies a indiqué que 95% des dégradations de notes souveraines survenues pendant la pandémie concernaient les pays en développement, malgré le ralentissement économique relatif que connaissent les pays en développement, qui est considéré comme plus modéré que celui enregistré par les pays développés qui n’ont pas connu la vague de réduction de la notation, comme cela s’est produit avec ces pays en développement.
L’incident n’est pas isolé, indique l’OTE, car lors de la réunion, Ramya Vijay, du département de recherche économique de l’Université de Stockton, aux États-Unis, a estimé que les agences de notation ne tiennent pas compte du rôle social des États, mais elles s’arrêtent plutôt dans leurs rapports à demander fermement la réduction des dépenses de l’État et l’adoption de l’austérité, comme cela s’est produit avec le rapport de réduction de la notation souveraine pour le Brésil, où l’agence de notation a lié cette réduction aux dépenses sociales élevées pour le pays .
Les notations privent les pays en développement des investissements
Ces avis ne sont pas limités aux représentants du monde en développement et aux chercheurs uniquement. Hiro Mizuno, l’envoyé spécial des Nations Unies chargé du financement durable et ancien responsable du Fonds d’investissement du gouvernement japonais, a déclaré que la méthodologie utilisée par les agences de coopération internationale conduit à priver pays en développement d’obtenir les fonds nécessaires pour atteindre les objectifs de développement durable. Et que pendant son travail à la tête du Fonds d’investissement japonais, il était possible pour le Japon d’investir plus de sommes qu’il n’en avait investi, mais la réduction continue de la notation de la dette souveraine des pays en développement a perturbé ces investissements.
Quel impact sur la Tunisie ?
Pour en revenir à la Tunisie, il a été constaté par l’OTE que les rapports de la notation souveraine, qu’ils soient publiés par Moody’s ou Fitch Ratings, ont dépassé les limites de la méthodologie que les agences prétendent respecter.
Ils ont touché à la situation politique et comprennent souvent des recommandations sur la nécessité d’accélérer la signature d’un accord avec le Fonds monétaire international ce qui constitue une violation flagrante de la souveraineté du pays et indique le manque d’impartialité des agences, martèle la note de l’Observatoire.
Ainsi, revoir le rôle des agences souveraines de notation en particulier et structurer le système financier mondial en général est devenu une urgence et ce, au même titre que le travail pour atteindre les objectifs de développement durables et pour garantir les droits économiques et sociaux ce qui nécessite des fonds importants.
La réduction continue des notations empêche les pays en développement d’accéder à des fonds vitaux pour leur développement, conclut-on.