Sortir du FMI n’est pas une tâche facile. En effet, alors que le fonds prône la concurrence libre et non faussée à travers la libéralisation du marché au niveau national, il agit de telle manière à mettre en place un cartel de bailleurs de fonds, dont il prend la tête, afin d’empêcher toute concurrence sur le marché de l’accès aux liquidités des États pour subvenir à leurs besoins de financement, c’est que dévoile une note de l’Observatoire Tunisien de l’Economie parue récemment et intitulée « Sortir du FMI : diversifier ».
Ainsi, il est noté qu’un État ayant besoin d’accéder au marché des liquidités en devises peut s’orienter, en théorie, vers trois marchés principaux : le marché bilatéral, où des États vont prêter de l’argent à cet État ; le marché multilatéral, où des institutions financières internationales (telles que le FMI, la Banque Mondiale ou la Banque Africaine de Développement) vont prêter à l’État ; et le marché financier international.
Le rôle du partenariat de Deauville
Alors que les révolutions arabes venaient à peine d’éclater, un large cartel de bailleurs de fonds s’est formalisé en mai 2011 au sommet du G8 à Deauville (France) et a pris le nom de Partenariat de Deauville. Ainsi, l’oligopole constitué autour de ces bailleurs de fonds s’est entendu explicitement sur l’approche à adopter envers la Tunisie, le Maroc, la Jordanie et l’Égypte
Le Cartel de Deauville opère principalement, selon l’OTE, sur les marchés bilatéraux et multilatéraux. Théoriquement, pour échapper à ce Cartel, la Tunisie pourrait faire appel aux marchés financiers internationaux pour accéder à des liquidités en devises. Cependant, les baisses de notations des agences de notations pour la Tunisie ont quasiment systématiquement lié leur notation soit à l’obtention d’un accord avec le FMI, soit à la qualité de la mise en œuvre de cet accord une fois signé.
De ce fait, en liant le coût d’un emprunt sur les marchés financiers internationaux à l’obtention d’un accord avec le FMI, les agences de notations ont pour objectif explicite de renforcer la position dominante du Cartel de Deauville mené par le FMI.
Le message clé envoyé par ce Cartel est clair : il n’y a pas d’alternatives au FMI. En ce qui concerne la Tunisie, le FMI a été encore plus loin pour renforcer sa position hégémonique. En effet, en imposant le vote de lois, comme précondition à l’accord EFF de 2016, le FMI avait pour objectif implicite de renforcer sa position dominante sur le marché des liquidités.
La position des agences de notation
Malgré que le Partenariat de Deauville en tant que tel a fini par disparaître de l’actualité, le Cartel de Deauville qui en a découlé continue d’opérer jusqu’à nos jours en Tunisie. Pour s’en convaincre, il suffit de relever les informations issues du programme « confidentiel » du Gouvernement Tunisien dans le cadre des négociations avec le FMI.
Ce programme a été divulgué et n’a pas été réfuté par les autorités. Ainsi, ce programme « confidentiel » où il est explicitement mentionné que l’obtention de financement multilatéral, d’un financement bilatéral avec l’Arabie Saoudite, de la garantie américaine (pour se financer sur les marchés financiers internationaux) et de l’accès au marché financier international (sans garantie) sont conditionnés à l’obtention d’un accord avec le FMI, illustrant ainsi que le Cartel de Deauville est toujours opérant en Tunisie.
Cela démontre également, d’après l’observatoire, que les agences de notations font également partie de ce Cartel. D’ailleurs, seule l’obtention d’un financement bilatéral avec l’Algérie n’est pas conditionnée par l’obtention d’un accord avec le FMI, l’Algérie n’étant pas membre du Cartel de Deauville.