Après trois programmes, dont deux programmes d’ajustements structurels et huit années sous l’emprise du FMI depuis l’avènement de la révolution en Tunisie, l’Observatoire Tunisien de l’Economie (OTE) considère dans une note qu’il vient de publier sous le titre « Sortir du FMI : diversifier » que l’heure n’est plus à la justification du pourquoi il faut sortir du FMI, mais du comment en sortir.
Certains continuent à répéter la même propagande : il n’y a pas d’alternatives mais l’Observatoire affirme qu’il compte bien démontrer le contraire et pour ce faire, il est nécessaire d’adopter une approche réaliste et traiter les causes de la dépendance du pays en profondeur.
Panoplie d’alternatives
Plusieurs tentatives de créer des institutions qui rempliraient un rôle similaire au FMI, notamment la possibilité d’octroyer des liquidités en devises pour remédier à des problèmes de balance de paiements, ont été réalisées au niveau régional.
Afin de capturer cette diversité d’options disponibles pour accéder à des liquidités en devises, un concept a été inventé en s’inspirant du vocable de la protection sociale : le Global Financial Safety Net (GFSN) ou le filet international de sécurité financière. Selon les auteurs, le GFSN se compose de trois ou quatre niveaux : le niveau bilatéral, à travers les Bilateral Swaps Agreements (BSA) ; le niveau régional, à travers les dispositifs financiers régionaux (RFA en anglais) tels que le Fonds Monétaire Arabe (FMA), le Fonds de Réserves pour l’Amérique Latine (FLAR) ou le la Chiang Mai Initiative Multilateralization (CMIM) ; Le niveau global, à travers le FMI auquel certains auteurs ajoutent un premier niveau national à travers les réserves nationales de devises.
Il est important de noter que l’accès aux liquidités du FMI est décomposé entre l’accès inconditionné aux liquidités (programmes sans conditionnalités) et l’accès conditionné aux liquidités (à travers des programmes avec conditionnalités). Ainsi, afin de montrer le changement structurel du GFSN à travers le temps, des chercheurs ont calculé l’évolution de la taille de chaque niveau d’accès aux liquidités et ont présenté les résultats de leurs travaux.
Ainsi, il est possible de comparer l’évolution historique de la force de frappe de chaque composante du GFSN. Jusqu’à la veille de la crise financière internationale en 2007, le FMI était le plus grand fournisseur de liquidité au niveau mondial.
Changement de la répartition de la liquidité mondiale
Dès 2018, il est facile ainsi d’observer que la répartition de la liquidité globale provenait de trois sources : le FMI à hauteur de 1000 milliards USD, les swaps (ou BSAs) à hauteur de 1500 milliards USD et les RFA à hauteur de 1000 milliards USD.
Par conséquent, et de loin, le FMI n’est plus le seul fournisseur de liquidité au niveau international et les BSA ont même dépassé le FMI en termes d’accès à la liquidité globale. Ceci met donc fin au mythe qu’il n’y a pas d’alternatives au FMI. Ces chiffres représentent des potentialités et ne disent rien sur l’utilisation réelle de ces divers potentiels, mais cela donne déjà une idée sur les alternatives possibles au FMI.
L’apparition des BSA comme outil d’accès à la liquidité globale a été initiée par la Fed qui a été suivie par la suite par la banque centrale chinoise, la PBOC, qui a mis en place ses propres accords bilatéraux de swaps. Comme l’a indiqué des spécialistes, l’accès à ces BSA s’est réalisé selon des affinités géopolitiques où les alliés proches des États-Unis, par exemple, ont accès à des BSA illimités tandis que les alliés moins proches ont accès à des BSA limités en volume et dans le temps.
L’augmentation du volume potentiel d’accès aux liquidités pour les dispositifs régionaux provient de l’activation des dispositifs de la zone euro car l’accès diversifié aux liquidités cache des disparités régionales assez importantes, martèle la note de l’OTE.
A suivre.